Comprendre l’origine du blocage dans l’apprentissage
Un blocage dans l’apprentissage ne survient jamais sans raison. Il peut s’agir d’un sentiment d’échec (“je n’y arrive pas”), d’une surcharge cognitive, d’un manque de motivation ou tout simplement d’un manque de sens. Pour certains enfants, répéter sans comprendre ou ne pas voir d’utilité à parler une autre langue crée une perte d’intérêt. D’autres se sentent intimidés à l’idée de se tromper ou de parler à voix haute devant les autres (Krashen, 1982). Comprendre l’origine du blocage, c’est déjà commencer à le dénouer.
1. Reconnecter à l’émotion positive
L’émotion joue un rôle majeur dans le processus d’apprentissage. Un enfant qui vit son apprentissage dans la joie, la curiosité et la sécurité progresse plus facilement (Hirsh-Pasek et al., 2015). Si le blocage dans l’apprentissage est lié à du stress ou à la pression, il est essentiel de remettre du jeu, du rire, du plaisir dans l’activité. Par exemple, remplacer un exercice de répétition par une chanson, une histoire ou une vidéo drôle dans la langue cible peut tout changer.
2. Alléger la charge cognitive
Parfois, le blocage dans l’apprentissage vient d’un rythme trop intense ou d’un contenu trop complexe. Il peut être utile de revenir à des notions plus simples, de ralentir le rythme ou de varier les supports. L’objectif est de redonner à l’enfant la sensation de réussir, même sur une petite chose, pour relancer sa confiance. Il vaut mieux une courte séance réussie qu’une longue séance frustrante.
3. Respecter le silence sans l’interpréter
Le silence n’est pas toujours synonyme de refus. Dans l’apprentissage des langues, il est normal que les enfants passent par une phase d’écoute passive avant de s’exprimer activement. Ce « silent period », bien documenté (Lightbown & Spada, 2013), est même bénéfique. Il ne faut donc pas forcer l’enfant à parler. Laisser l’exposition faire son effet, en douceur, est souvent plus productif.
4. Créer une routine rassurante et flexible
Un blocage dans l’apprentissage peut aussi être lié à l’imprévisibilité ou au manque de structure. Instaurer une routine simple (comme 10 minutes par jour à la même heure) permet à l’enfant de savoir à quoi s’attendre. Mais cette routine doit rester flexible : si un jour il préfère chanter plutôt que faire un jeu de vocabulaire, c’est aussi bénéfique. L’important est d’ancrer l’apprentissage dans la régularité sans rigidité.
Chaque petit progrès compte : même une seule nouvelle expression apprise ou un mot prononcé spontanément est une victoire dans un processus où la constance vaut bien plus que la performance immédiate.
5. Apprendre ensemble, sans pression
Quand un enfant bloque, il est parfois utile que l’adulte apprenne avec lui. Cela casse la hiérarchie, crée un climat de coopération et dédramatise les erreurs. Dire “je ne connais pas non plus ce mot, on va le découvrir ensemble” donne de la légitimité à l’apprentissage. Cela transforme le blocage dans l’apprentissage en occasion de complicité.
Le blocage dans l’apprentissage des langues chez les enfants est un signal, pas un échec. Il nous invite à ajuster, à ralentir, à écouter davantage. Avec de la patience, des outils adaptés et une dose de créativité, il est tout à fait possible de surmonter ces blocages et de remettre du plaisir dans l’apprentissage. Rappelons-nous que chaque enfant avance à son rythme — l’important est de garder le lien avec la langue, et surtout, avec l’envie d’apprendre.